Seen or not to be Seen
Seen by Olivier Nice, officiellement inauguré le 1er mars , est la nouvelle adresse niçoise qui fait frétiller les clichés des foodistas, des Instagrameurs (she/he), des plumes des journalistes….tous viennent découvrir ce nouveau concept signé Olivier da Costa, restaurateur-homme d’affaires prolifique et ouvreur-mitrailleur de concepts (pas moins de 7 différents avec 22 restaurants) à travers le monde de Lisbonne, à Sao Paulo en passant par Bangkok. Après Paris, son expansion continue dans toute l’Europe avec Nice puis Rome….
La machinerie Seen s’est posée en roof top de l’Anantara Plaza Nice, ce joyau de l’architecture niçoise de style belle époque qui à retrouvé toute sa splendeur après plusieurs années de travaux colossaux, il a été entièrement repensé par le cabinet d’architecte niçois Jean Paul Gomis et designé par le studio londonien David Collins. L’ établissement, membre des prestigieux The Leading of the World, devient ainsi le quatrième 5 étoiles de la ville de Nice.
C’est un Panorama à 360° sur les bâtiments en palette de couleurs du Vieux-Nice, du bleu changeant de la Méditerranée, du ciel azur et du vert du Jardin Albert 1er, qui vous emporte dans une euphorie visuelle. La décoration de la salle, toute en longueur, aux accents Art-Déco et touches marines, entre alcôves inondées d’une luxuriante et fausse végétation, de verrières aux jeux de lumières, où derrière s’affaire la cuisine ouverte, vous invite à un moment à la fois intime et impersonnel. Une dynamique ambiance musicale par un DJ résident vous accompagne, et suivant les jours, peut devenir festive voire explosive.
Les cocktails signatures, aux influences voyageuses ou locales créés avec passion par le chef barman Marco Stella, se dégustent intensément sur la vaste et élégante terrasse ou directement au bar. Tant la qualité des boissons que la vue en font l’une des rares valeurs ajoutées des lieux (25€)
La cuisine de Seen by Olivier Nice virevolte entre l’Asie et la Méditerranée avec quelques touches locales et niçoises disparaissant déjà comme peau de chagrin du menu. Beaucoup de choses ont été, mais ne sont déjà plus. Ici, le trio saisonnalité, circuit-court et engagement, se fait frileux et insolite. La carte des Makis, Sashimis ou Nigiris est celle de ces adresses aseptisées à l’international qui vend du rêve à coup d’esbroufes d’assiettes fumantes où chacun se doit de s’exprimer à coup de waou, tout en se « Selfant » sans oublier de « Reeler » ce tour de magie, tellement bluffant! Oserons-nous toucher cette oeuvre d’art à coup de baguettes magiques?
Le Seen Tacos “Pêche du Jour« , vous enjoue à coup de Sombrejo de cette rieuse tablée d’une publicité de cette marque industrielle de tacos croustillants. La pêche, « dite du jour », fût en ce jour un joli saumon (non annoncé), donc pas vraiment du jour! L’assaisonnement : avocat, mayonnaise, grenade est agréable et fonctionne, il se « relief » de ces œufs de poissons qui donnent de leur seul intérêt visuel, leur belle couleur vive rouge-orangée. (23€)
l’Oeuf Parfait SEEN se conjugue en un œuf au plat au subjonctif de l’imparfait et se fait massacrer avec grâce par le bourreau qui se doit, telle la formation acquise de cette signature mondiale Seen, de l’écharper à coup de cuillère pour nous donner avec amour une bouillie grisâtre. Cet oeuf, plus qu’imparfait, est devenu bouillasse truffée de saveur d’un jaune aussi sec que le désert de Gobi. Nous sommes bien loin de cette cuisson à basse température, si délicieuse et si gourmande… mais on nous dira avec malice et fierté « c’est la signature Seen »… alors inclinons-nous! (32€)
Les Petits Gyozas de Wagyu, sont frits et croustillent d’allégresse d’un bœuf, peut-être pas si Wagyu que ça, mais ne sait-on jamais! Ces petits chaussons se délectent de cette sauce aigre-douce, qui vous rappelle tant celle achetée au rayon asiatique de votre supermarché, et qui attend installée sagement dans le compartiment à sauces de votre frigo, un jour de plateau télé… alors le bonheur est là de se sentir un peu chez soi! (30€)
Le Wagyu en Tagliata est d’une belle facture et sa cuisson est ajustée à la demande. (75€)
Le Riz Rico (dattes, haricot vert, asperges et amandes torréfiées) en accompagnement est un riz frit schizophrène entre sa sécheresse, travaillée par un constant réchauffage, et son gras à l’unisson qui empâtent votre palais. (15€)
Les belles Noix de Saint-Jacques saumurées se cachent pour mourir sous un savoureux lit de chips de panais et pleurent de vendre leur corps bodybuildé et imbibé dans une assiette à 61€.
Le Cabillaud s’imagine Black Cod, mais sa texture laiteuse et gluante ferait démissionner le chef Nobu de sa belle réussite internationale en laissant sur la route son compagnon d’affaires, le grand de Niro. (42€)
En dessert, si vous osez franchir le pas de cette fière déconfiture gourmande, n’hésitez pas à commander le Soufflé au Dulce de Leche, qui, s’il s’intitulait inversé, ne ferait pas la risée de sa pauvre et plate personne… encore une volonté conceptuelle du Groupe Olivier. (18€)
L’ équipe de cuisine, qui est rattachée à l’hôtel, a les mains liées, elle est tributaire du concept et n’a hélas aucune marge de manoeuvre pour tenter de sauver le pire.
Le gentil service fait ce qu’il faut, ou tente de le faire, dans un enthousiasme forcé.
La carte des vins est parfaitement adaptée à une clientèle internationale qui aime les étiquettes modérément prestigieuses.
Comme ces adresses tendances, « hype » et festives d’une carte, certes onéreuse mais aux assiettes ultra raffinées, gourmandes ou pêchues signées d’un chef de renom de New-York à Londres en passant par Dubaï ou Monaco (Nobu, Coya, Zuma ou encore Amazonico…) Seen by Olivier Nice aurait été une félicité à Nice si on ne prenait pas les clients pour des « pigeons », qu’ils soient locaux ou voyageurs, en servant une majorité de produits de piètre qualité et étouffés d’esbroufe à prix d’or où tout scintille comme du vrai zirconium !!!
Un concept peut-être qui ne convient pas à Nice ou Nice qui ne convient pas à ce concept!
Alors… Seen never Seen again!
Espérons grandement un virement de situation et que l’Anantara Plaza Nice ne se fasse pas emporter dans ce tourbillon pour briller concrètement dans le firmament des adresses luxe et haut de gamme de la région.
Entrées à partager 21 à 260€ – Makis, Sashimi, Nigiri 10 À 110€ – Salades, Pâtes 19 à 75€ – Plats 32 à 90€ – Desserts 15 à 24€
Tel : 04 93 16 11 75
12 avenue de Verdun
06000 Nice
Le Petit Lu Gourmand Chroniqueur Gastronomique 