Paris recèle de trésors historiques et uniques qui font sa magie : monuments, hôtels particuliers, passages…restaurants mythiques, mêlant parfois l’histoire et la gastronomie. Le Relais Louis XIII fait partie de ces adresses légendaires : situé en plein coeur du 6ème arrondissement dans la rue des Grands-Augustins, qui a hébergé nombre de personnages célèbres : Labruyère, Gounod, Picasso, Prévert… En lieu et place des vestiges du couvent des Grands-Augustins ( où fût proclamé roi de France le jeune Louis XIII, suite à l’assassinat d’Henri IV, son père ), l’ancien café charbon devient Le Relais Louis XIII en 1961.
Le chef Manuel Martinez ( MOF 1986 ), après avoir exercé au Relais Louis XIII de 1980 à 1987 ( 2 étoiles ), puis à La Tour d’Argent de 1987 à 1996 ( 3 étoiles ), rachète le Relais Louis XIII en 1996 pour lui redonner vie et ses 2 étoiles ( 1 étoile depuis 2015 ).
L’accès, déjà, est une entrée dans l’histoire de Paris…vous quittez le quai des Grands- Augustins au flux parisien et incessant de voitures, vous vous engouffrez dans cette superbe rue étroite aux immeubles en pierre de taille où les murs ont été témoins de tant de choses…, très vite s’oublie le tumulte de la vie parisienne, telle une rumeur, et vous vous émerveillez des richesses qui vous entourent. Puis au loin, à l’angle de la rue, se profile une enseigne en fer forgé au nom évocateur de chaleur et de plaisirs gastronomiques : un restaurant, une auberge ? Non, un Relais… après avoir parcouru tant de distances, rien de tel que de se poser et de s’offrir un repas à la gloire de la gastronomie française !!! Alors bienvenu au Relais Louis XIII.

Poussez la lourde porte de bois couleur ébène et vous allez vivre dans l’histoire de France, le temps d’un déjeuner ou d’un dîner : un « sas » de verre vous sépare du présent. La maîtresse de maison au sourire complice et familial s’occupe de vous, prend vos affaires et vous installe à votre table. La salle est exactement ce que l’on attend de ces lieux au charme historique : pièces étroites et biscornues pour certaines, poutres, vitraux, boiseries sombres, étoffes cossues, meubles et escaliers imposants, toiles aux portraits interrogateurs vous surveillant comme dans ces grands châteaux anglais…. seule la cave à vin transparente est un anachronisme soudain et apporte une touche contemporaine.
Les tables sont assez bien espacées malgré une promiscuité due au lieu, et dressées sobrement sans ostentation superflue.
On remarque de nombreux habitués chérissant les mêmes places depuis des années, qui pourraient même avoir leurs ronds de serviettes à demeure !!! Le chef vient les saluer régulièrement, tout comme le reste de la salle et peut vous honorer du titre de « Président ». Une façon désuète et sympathique de mettre rapidement la clientèle dans sa « poche », comme pouvait le faire les chefs autrefois.
Le service est agréable, souriant, mais reste un peu en retrait manquant parfois de naturel et de chaleur. Après un démarrage un peu long, tout s’enchaîne très bien pour le menu Carte Blanche en 9 services :
En amuse-bouche, des gougères fines pour patienter, un chou léger et agréable, ( le chef a ouvert en 2013 la Maison du Chou place de Furstenberg ).

Pour commencer : Tourteaux et homards marinés à la parisienne, une assiette qui fait envie de toute sa fraîcheur prometteuse et vive, mais qui déçoit un peu, par un manque d’identité du homard masqué par une mayonnaise trop présente, le caviar à l’iode évident apporte le côté salin souhaité. On aimerait une pointe d’acidité ou un « fizz » pour raviver et faire exploser les saveurs. Une entrée agréable à la timidité raisonnée.
Ravioli de homard et foie gras, crème de cèpes : une gourmandise dans toute sa splendeur d’autrefois. Un bonbon presque « indécent » de plaisir aux surprises bien menées qui vous donnent ces sensations des grands plats traditionnels : une pâte qui donne de sa présence, un morceau de foie gras encore dans toute sa texture et sa vérité sur un morceau de homard charnu d’iode et une généreuse crème de cèpes enveloppant le tout dans sa signature terroir.

Classique Quenelle de bar, mousseline de champignon et glaçage au champagne : comme le nom l’indique, c’est parfaitement classique, ici pas de saveurs exotiques ou japonisantes superflues, mais une authentique page d’histoire culinaire comme celle racontée dans les grands livres de cuisine. La quenelle est délicatement soufflée et goûteuse, mise en exergue par la sauce suave et velours au relief acidulé du champagne.

Saint-Jacques des iles de Chausey rôties, chanterelles, crosnes : le beurre blanc en émulsion apporte une certaine modernité et légèreté aux Saint-Jacques rôties, un bel équilibre des saveurs; les crosnes apportent le côté terre conforté par les chanterelles au goût noisette qui flirtent élégamment avec l’ensemble.

Un entracte du menu avec le Sorbet Gin et Tonic pour raviver le palais juste avant le plat de viande. Un clin d’oeil au trou normand des grands menus !

Poularde du Patis, oignons jaunes de Monsieur Caillot, polenta crémeuse, émulsion au vin jaune : une volaille moelleuse, un peu sur la retenue des saveurs, le jus de cuisson au goût généreux et la pimpante émulsion au vin jaune font le plaisir du plat.

Avec le palais ravivé par le sorbet gin, on pourrait regretter le manque d’ un second plat de viande pour découvrir pleinement l’étendue de la carte dans ce menu dégustation.
Fromage de chèvre et Burrata, gelée de piment d’Espelette.
Millefeuille, crème légère à la vanille de Tahiti : un dessert d’un classicisme parfait, qui est, de part sa texture, très moderne : de fines feuilles d’une parfaite légèreté en bouche et la crème un fin nuage de saveurs vanillées.

Tarte au chocolat noir Bonnat grand cru Piura Blanco – Pérou, crème glacée au whisky : une finale tout en chocolat puissant, la glace whisky donne de sa personne pour harmoniser l’ensemble. Une présentation manquant un peu d’élégance et de précision.

La vaste carte des vins, riche de grands domaines connus et quelques références plus pointues, est présentée à l’ancienne dans un grand livre et écrite au crayon à papier.
Le menu Carte Blanche en 5 services servi au déjeuner est « La » très belle occasion de découvrir la cuisine traditionnelle du chef Manuel Martinez et de vivre un moment de patrimoine culinaire français en plein coeur du Paris historique.
Menu Carte Blanche au déjeuner en 5 services 65€ ou en 9 services 145€
Menu Carte Blanche au dîner en 6 services 95€ ou en 9 services 145€
Menu Signature au déjeuner – Entrée -Plat – Fromages ou Dessert 65€
Menu Signature au dîner – Entrée – Plat – Fromages ou Dessert 95€
A la carte : Entrées 49€ – Plats 59 à 75€ – Fromages 20 à 25€ – Desserts 20€
Le Relais Louis XIII – 8, rue des Grands-Augustins – Paris 6ème
01 43 26 75 96