Le Café du Jardin est la troisième table de l’iconique Château de La Chèvre d’Or, orchestrée par le brillant et jeune Chef Exécutif / MOF Tom Meyer. L’année dernière, on découvrait avec passion et grande modernité sa version de La Chèvre**, la table gastronomique et légendaire, dont il a conservé haut la main les deux étoiles avec vérité et intensité. Puis on a découvert au printemps dernier sa vision des Remparts avec sa vue à l’infini dans une identité ciselée et percutante d’une profondeur étoilable, et depuis juin, c’est Le Café du Jardin qui s’est dévoilé dans une signature conviviale, décomplexée et surtout ultra gourmande et précise.
Situé en contrebas du mythique Relais & Châteaux, presque caché, ce lieu exploité durant des années en une pizzeria luxe de chef ciblant plutôt la clientèle de l’hôtel voire une élite extérieure, vit enfin aujourd’hui de sa plus belle vie pour tous les gourmets de la région. La vue est évidemment spectaculaire et offre une perspective différente et presque sauvage de ce paradis sur terre avec une sensation de bout du monde.
Tom, épaulé de Luca Vinsenti, son Chef adjoint, et des équipes, dans leur petite cuisine d’été ouverte telle une kitchen pool, célèbrent les produits de saison et de la région gorgés de soleil, en toute simplicité et authenticité, où les entrées s’inspirent de la gourmandise street food aux accents méditerranéens et où les plats jouent le jeu du partage sans pudeur mais avec grande valeur des produits, ultra sélectionnés, travaillés avec le détail et la profondeur qui marquent tant la différence.
L’accès est toujours un moment émouvant, de ce contraste entre le tumulte touristique de ce village emblématique et la sérénité et l’élégance de cette mythique Chèvre. Après le passage par les jardins en restanques et quelques marches descendues, l’établissement se montre sous un autre jour, dans ses moindres détails. Vous entrez dans le cœur de ce lieu unique et tant prisé à travers le monde, vous comprenez alors tout ! De ces sculptures au classicisme rassurant, comme cette naïade couchée admirant avec romantisme la vue, de cette fontaine à clocheton, de cette piscine arrondie au style rétro, de ces toits aux tuiles se contrastant de l’intense bleu du ciel et de la mer (ou est-ce de la mer et du ciel ?), l’horizon est juste infini et vous voilà conquis par tant de beauté. Une pancarte fléchée vous rappelle votre destination : Le Café du Jardin. Vous passez devant cette cuisine ouverte telle une cabane des plaisirs gourmands, le Chef Tom Meyer et ses équipes vous saluent avec douceur et cet œil pétillant qui vous dit « heureux de vous recevoir ». C’est Oussama Azougarh qui vous accueille avec grande chaleur, sympathie et distinction. Il partage avec vous son plaisir d’être là, pour vous, dans ce cadre idyllique et presque secret. La vue est évidemment spectaculaire et offre une autre perspective de la nature environnante et du village. Tout est fait pour que vous vous sentiez à l’aise, chez vous, dans la décontraction d’une « summer-house ».
Et tout commence par une coupe de champagne ou un Negroni qui s’accompagnent simplement et savoureusement de noix de cajou à la truffe.
Pour les entrées, que vous soyez à deux, entre amis ou en famille, le partage est de mise et vous permet de picorer, de piocher de-ci, de-là et de presque tout goûter sans façon et avec passion, comme les palpitants Arancini, riz cuisiné aux tomates confites, vin blanc et mozzarella, mayonnaise aux poivrons fumés : emblématique de la cuisine de rue sicilienne, ces petites boulettes de riz farcies, parfois de forme sphérique ou pyramidale (rappelant l’Etna et ses fumerolles), faites dans les règles de l’art et frites au moment sont addictives, mais hélas, souvent lourdes et bourratives. Ici, elles se font différentes, à la légèreté presque soufflée, à la filante mozzarella et se trempent dans une addictive sauce-mayonnaisée aux poivrons fumés, relevée en justesse de piment pour apporter le kick chauffant qui fait plaisir.
La Pissaladière, fine pâte croustillante, oignons confits à l’anchois : d’une fine pâte à pain en croustille, elle s’engourmandise de la douceur compotée des oignons confits et d’une vivante crème d’anchois qui donne du sens à l’ensemble. C’est moelleux, réconfortant et croustillant à la fois.
Les Haricots verts, sucrine grillée, sauce tonnato, fenouil, olives de Nice : visuel ciselé et couture de cette salade de haricots verts en plusieurs textures. Ils sont en croque et en séduisante sauce jardinière qui nourrit la sucrine justement grillée en relief des autres éléments, comme le fenouil, l’olive noire et les croûtons de pain frits. Tous apportent une cadence à la dégustation, tout comme la sauce tonnato qui est la force iodée de cet univers végétal.
La Focaccia sauce à manger, condiment tomate poivrons amandes, crème de burrata, pesto de basilic : fascinante et picturale assiette de cette sauce à manger qui se balaye telle une palette de peintre à coup, non pas de pinceau, mais d’une focaccia frite et soufflée. À vous de devenir l’artiste de votre dégustation à coup de rouge, du condiment tomates-poivrons fumés, de blanc, de la crème de burrata et de vert, du pesto de basilic. Ce savoureux triptyque à l’italienne d’une pizza margarita déstructurée se rythme en final des croquantes noisettes du Piémont.
Le Ceviche de thon rouge de Méditerranée, shiso pourpre, cerise, grenade, betterave, leche de tigre : à nouveau le visuel titille les pupilles avant même les papilles. Ce thon rouge bien d’ici se révèle de son gras céleste et unique, il devient une symphonie rouge du leche de tigre de fruits rouges assemblés comme une vinaigrette velourée, entre douceur acidulée fruitée de la grenade et de la cerise et d’une pointe terreuse de la betterave. La feuille de shiso rouge vient susurrer des notes de cannelle et de menthe à la belle mâche du poisson.
La Paella cuite en bouillon de poisson, encornet, seiche, moule, crevette, petits pois, sauce aïoli : quoi de plus convivial et enjoué qu’une paella ? Cuite sur le feu, elle se croûte de vie de son riz qui devient soccarat, cette couche grillée, addictive et caramélisée. Les encornets, les moules, les seiches et les crevettes s’assemblent en harmonie pour créer un écosystème marin gourmand idéal. Les petits pois claquent, l’aïoli a son mot à dire à chaque bouchée et les segments de citron font le fizz final.
Épaule d’agneau confite, caviar d’aubergine à l’ail noir : cet agneau de lait de Sisteron est cuit en douceur durant 7 heures, il se confit et se nourrit de lui-même, de ses sucs et de son gras excellent et délicat qui délivrent une saveur incomparable, tel un « pulled lamb ». Le caviar d’aubergine est à la fois sauce et condiment crémeux d’une suave profondeur à la saveur finement fumée de l’ail noir. Les pignons de pin sont le croque-en-bouche judicieux de ce monde confit, compoté. Le thym vient attiser de sa fraîcheur de garrigue et la coriandre de son instance orientaliste assumée et bien vue.
Le Maigre de Méditerranée, tagliatelles de courgettes, crème basilic, sauce anisée : travaillé en une ballotine, ce fin poisson d’une chair tendue est cuit de sa belle cuisson vapeur. Il s’imprègne de plaisir de l’aérienne émulsion de fumet de poisson ravivé d’anis. Les courgettes jaunes et vertes, en volutes de tagliatelles sur le dessus, dispensent une note de légèreté et de fraîcheur potagère à la pointe citronnée.
Florent Margaillan, prodige des douceurs, est le Chef Pâtissier de La Chèvre d’Or depuis 2023. Pour Le Café du Jardin, il joue sur la fraîcheur estivale et les souvenirs de l’enfance, comme avec cette très légère et subtile Coco givrée, citron vert, elle cache en sa coque des strates de textures comme cette gelée vive de citron ou ce palet breton en croustille. La cuillère plonge intensément avec frénésie dans cette coco givrée qui se fait véritable dessert. La Fraise Melba, elle aussi, attise les appétits et les attentions de la tablée. Ces fraises de Carros à la succrosité gorgée de vie en morceaux et en sauce s’encanaillent de cette authentique et intense chantilly à la vanille. Le mendiant au centre intervient tel un fédérateur qui délivre l’intense plaisir.
La carte des vins, bien faite, est justement classique et attendue d’une carte de plage haut de gamme en adéquation au lieu et à une clientèle internationale. Pour des bouteilles de plaisir, pour un événement ou une folie, il est toujours possible de demander des flacons d’un peu plus haut, comme aux Remparts ou à La Chèvre**, hautement sélectionnés par Mathieu Sellier, le Chef sommelier.
En terrasse, Oussama Azougarh et ses équipes vous accueillent avec grand professionnalisme et sincérité, en équilibre d’une rassurante et bienveillante décontraction.
Une totale réussite pour Le Café du Jardin, signé de Tom Meyer et ses équipes, qui donne envie de se déplacer pour découvrir ou redécouvrir La Chèvre d’Or autrement, en simplicité et convivialité, d’une savoureuse cuisine ciselée pour tous.
Le Café du Jardin se dévoile de façon plus festive, le 9 août (et peut-être pour d’autres dates), en une élégante et vibrante Garden-Party à l’ambiance Live Latino avec un menu en 7 services entre Empanadas, Chorizo au BBQ au romarin, Côte de Thon carpaccio de tomate et velouté de thon, Ris de veau sauce viande et chimichurri, Pulled Pork et oignons crispy, sauce Dallas ou encore Côte de Boeuf sauce Charron et une Pavlova à la fraise et à la rhubarbe en dessert.
Depuis l’arrivée de Tom Meyer, et sous l’impulsion de l’emblématique et excellent Directeur Thierry Naidu, La Chèvre d’Or est entrée dans une nouvelle ère : celle de la modernité, d’une bienveillante excellence et d’une gastronomie vivante, incarnée et contemporaine. L’année prochaine, le restaurant gastronomique devrait se dévoiler dans une nouvelle splendeur, avec une décoration dans l’air du temps tout en conservant l’âme unique des lieux. La Chèvre d’Or de demain, commence aujourd’hui.
Carte – Entrées 25 à 34€ – Plats 38 à 80€ – Desserts 18€
Garden Party – Menu en 7 services 150€ – hors boissons (eau et café inclus)
Ouvert du Samedi 3 Mai 2025 au Dimanche 12 Octobre 2025 inclus
Du 29 juin au 31 août : service déjeuner de 12h à 15h30 et service dîner de 19h à 21h30.
Du 1 septembre au 26 octobre : service déjeuner de 12h à 16h30, fermé pour le diner.
Rue du Barri – 06360 Eze Village
Tel : +33 (0)4 92 10 66 66
Le Petit Lu Gourmand Journaliste, Chroniqueur et Critique Gastronomique 