Comment deux copains de classe, qui s’étaient perdus de vue depuis plus de trente ans, se retrouvent au hasard de la vie et de leurs enfants, et signent ensemble Le Café de l’Hôtel Le Suquet Cannes. L’un est entrepreneur-hôtelier, Yannick Bastoni, qui cherchait un chef pour sa nouvelle table, et le second est chef privé, Basile Arnaud qui souhaitait reprendre du fourneau dans sa ville natale. Situé en plein cœur du charmant quartier du Suquet à Cannes, le Café de l’Hôtel est la nouvelle adresse à la fois élégante et décontractée qui fait plaisir aux papilles avec dextérité.
Le chef Basile Arnaud, au joli parcours Riviera, fait son apprentissage au Lycée Paul Augier de Nice, après s’être formé dans différents établissements de la région, dont le Gray d’Albion à Cannes, il s’installe en 2002 à Londres et travaille au Boodle’s Club, le restaurant d’un club privé réputé londonien. Six années plus tard, il part aux Etats-Unis à Saint-Louis (Missouri) pour le chef Pierre Chambrin, où il y restera une saison, puis il s’envole pour l’Australie pour une année, où il passe de Chef de partie saucier au restaurant Salted Vue de Cairns à second de cuisine au Joseph Alexanders restaurant à Brisbane. En 2009, il décide de rentrer sur la Côte d’Azur et intègre la brigade du Chef étoilé Serge Gouloumès au Relais&Châteaux Le Mas Candille à Mougins. Il monte progressivement les échelons et on le retrouve en 2014 au Five Seas Hôtel en tant que premier Sous-chef aux côtés d’Arnaud Tabarec, et en 2018, il est nommé Chef Exécutif du restaurant Le jardin à l’Hôtel de Mougins. Suite au départ du Chef Xavier Burelle, il reprend le flambeau des cuisines du Mas Candille jusqu’à sa fermeture pour vente et transformation. Entre Covid et nouveaux challenges, il crée son entreprise de chef privé. Yannick Bastoni, aussi cannois, a quant à lui été élevé dans le monde de l’hôtellerie avec son père Roger Bastoni, célèbre et médiatique homme aux Clés d’Or de l’emblématique Hôtel Le Majestic. Comme son frère Gilles, Yannick embrasse la carrière paternelle et hospitalière de concierge. Il passe de Groom au Plaza Athénée Paris à concierge au Majestic à Cannes et devient à 25 ans, Chef concierge de l’Hôtel Fouquet’s Barrière à Paris. Entre cette passion de l’hospitalité et l’envie de retrouver le soleil de Cannes, l’idée d’ouvrir son propre hôtel fait son chemin. L’occasion se présente idéalement et il rachète l’ancien Hôtel des Oliviers situé dans le quartier de son enfance : Le Suquet. Après trois mois de travaux, il ouvre en décembre 2022 l’Hôtel Le Suquet. Amoureux de ce quartier unique et emplis de ses souvenirs d’enfance, il a ce grand désir de lui redonner une vivante et authentique dynamique locale. Lorsqu’il a l’opportunité, deux années plus tard, de reprendre un restaurant et un bar attenant, situé à deux pas de l’hôtel, il n’hésite pas une seconde. Des deux établissements, il n’en fait qu’un, il rénove et donne une identité colorée joyeuse et élégante où le bleu méditerranéen prédomine. La vaste terrasse sous les oliviers appelle à la farniente et à la gourmandise provençale, sans oublier les cigales qui chantent leur sérénade : Le Café de l’Hôtel Le Suquet est bien la nouvelle adresse du quartier.
Basile Arnaud y délivre une cuisine fraîche, à la belle simplicité raffinée et travaillée, aux saveurs enjouées et locales qui touchent justement les papilles. La carte est courte et de saison et s’étoffe régulièrement de nouveautés.
Confortablement installé sur les chaises « metteur en scène », non sans rappeler celles du Café Sénéquier de Saint-Tropez (pas de rouge mais bien évidement le bleu), on se régale, pour commencer, à partager (ou non) un Toast à l’avocat, truite du Cians façon gravlax, agrumes, guacamole, oeufs de saumon, tomates cerises, légumes croquants. L’ensemble est ciselé et a cette vivacité des produits et des légumes en croque, l’iode délicat de la truite de la vallée du Cians se renforce de la claquance des œufs de saumon.
Tempura de fleurs de courgettes, sauce vierge de poivrons, mousse de chèvre de pays aux citrons confits et aux herbes fraîches, pickles d’oignons rouges : les belles fleurs, pétrifiées de leur pâte en croustille, balancent en cadence entre l’imprégnante vierge et la mousse de chèvre qui se fait condiment lacté justement fizzé du citron confit. La salade d’herbes et les pickles chapeautent le tout en légèreté.
La Sardine chimichurri, basquaise de poivrons, sauce safranée, salade d’herbettes fraîcheur, cette sardine de la Méditerranée, ouverte en portefeuille, prend des airs marins de l’Atlantique et du Pays-Basque. L’onctueuse sauce safranée est la savoureuse rythmique de la dégustation, quant au chimichurri des basques d’Argentine, il vient éveiller cette pêche, entre force et équilibre.
Pour les gourmands et nostalgiques de la volaille dominicale, le Demi-coquelet rôti en croûte d’herbes, barigoule d’artichauts, pomme Pont-Neuf, jus truffé saura satisfaire les plus exigeants. Moelleuse et juteuse cuisson de ce vaillant coquelet qui se saupoudre d’une croute d’herbes. Les pommes Pont-Neuf ont cette texture infinie d’une purée enfermée dans un fine peau frite : addictif à tremper dans le jus truffé.
On retrouve également à l’ardoise en estivale inspiration : le Poulpe en cuisson basse température, persillade, tomates confites, Féta et billes de pastèque ou encore le Carpaccio de thon rouge, sauce ponzu et yuzu, ciboulette et oignons frits.
Pour les desserts, Basile vise l’efficace et le gourmand avec la Crème caramel du Café, le Chou craquelin, crème mascarpone à la vanille, coulis de chocolat ou encore la Mousse au chocolat, crumble et fruits rouges.
La carte des vins est certes courte mais bien balancée de références qui sortent des sentiers battus proposés à des tarifs bien vu.
Le servie est celui qu’il faut, jeune, vif et attentionné.
Enfin, voilà une nouvelle et sérieuse référence au Suquet, hélas devenu ces dernières années pauvre d’authenticité culinaire et riche d’établissements racoleurs à la quête du touriste perdu. Il faut désormais compter sur Yannick Bastoni et Basile Arnaud et leur Café de Hôtel Le Suquet pour du vrai, du frais et du bon. Un lieu de vie de quartier qu’il est bon de connaître et de vivre au déjeuner ou au dîner, bien loin du tumulte de la Croisette.
Carte – Entrées 15,5€ à 19€ – Plats 22 à 27€ – Côte de Boeuf 1kg pour 2 personnes 90€ – Desserts 10€
Ouvert tous les jours de 9h à minuit.
Le Suquet Le Café
5-7 Rue du Pré
06400 Cannes
Le Suquet Hôtel
5 Rue des Tambourinaires
06400 Cannes
+33 (0)4 93 39 53 28
Le Petit Lu Gourmand Journaliste, Chroniqueur et Critique Gastronomique 