Mise à jour 2025 – Cette table éphémère a fermée ses portes et sera remplacée dès cet été par la Pâtisserie – Salon de thé Cédric Grolet Monte-Carlo
C’est au cœur du prestigieux Patio de l’Hôtel de Paris que vient de s’ouvrir un nouveau joyau d’une ode aux délices vénézuéliens : Taera Monte-Carlo.
Taera, qui symbolise la force dans une des langues autochtones du pays, sied à merveille à la brillante et solaire jeune cheffe Victoria Vallenilla, originaire de l’île de Margarita au Venezuela. Première cheffe de l’histoire de la SBM nommée à la tête des cuisines d’un des restaurants du resort, elle a investi sa force et sa créativité dans ce nouveau lieu unique, en mêlant son héritage culturel à son savoir-faire culinaire et artistique. Un hommage aux traditions de sa terre d’origine et aux goûts des souvenirs de son enfance des plats cuisinés avec amour par sa nourrice (sa grand-mère de coeur), qu’elle réinterprète avec élégance et modernité.
Arrivée à l’âge de 18 ans en France, elle entame un peu au hasard des études hôtelières à Nice au Lycée Paul Augier. Elle se tourne au début vers le management hôtelier, mais s’aperçoit très vite que l’univers des cuisines la passionne. En 2015, elle se fait remarquer en arrivant en finale de l’émission culinaire Objectif Top Chef. Elle se forme auprès des emblématiques chefs étoilés Joël Garrault et Benoit Witz au Vistamar à l’Hôtel Hermitage en Principauté, puis on la retrouve un temps à la Trattoria d’Alain Ducasse au Sporting Monte-Carlo. C’est avec force et persévérance qu’elle monte rapidement les échelons dans cet univers difficile et très masculin.
Séduite par le concept de COYA à Dubaï, elle rejoint COYA Monte-Carlo en 2018 où elle seconde rapidement le chef Fabrizio Fossati avant de prendre les commandes du restaurant en 2021. Une innovation dans le groupe, elle est la première femme nommée cheffe exécutive à la tête d’une brigade de 35 personnes. Elle insuffle à la carte de Coya son authentique touche vénézuélienne et sud-américaine.
Pour Taera Monte-Carlo, la cheffe s’est investie pleinement dans ce projet qui lui ressemble : de la décoration à la vaisselle en passant par les uniformes, et bien évidemment par la cuisine où elle décline avec passion les recettes traditionnelles d’une vison contemporaine et raffinée : « Ma cuisine est pétrie de sentiments et de souvenirs. TAERA me permet de me rapprocher de mon pays, que j’aime tant. C’est un vrai plaisir de partager et de faire découvrir les plats qui ont bercé mon enfance ».
Pour commencer, les Sardinas Encurtidas vous ouvrent l’appétit en harmonie de fraîcheur de ces sardines marinées en escorte de légumes (concombre, carotte, oignons et poivron), travaillés en pickles, qui viennent titiller de leur vivacité vinaigrée les papilles. L’ají dulce est un piment doux à la fine chair et à la puissance gustative du Habanero, sans le feu ni la force de ce dernier. Ici, il vient ajuster les sardines, tel un condiment du soleil.
Les Tequeños Clasicos ou dedito de queso : « ces petits doigts de fromage » se dégustent sans façon à la main et se trempent avec ardeur dans la sauce guasacaca (à base d’avocat, d’ail, d’oignon, de paprika, de coriandre et montée à l’huile et au vinaigre). Originaire de la ville de Los Teques, ces petits bâtonnets de fromage enveloppés d’une bande de pâte, puis frits, sont de véritables friandises addictives et sont devenus iconiques de la cuisine vénézuélienne.
Queso Crema con pimentones Dulces : ce fromage frais et crémeux, qui se savoure à loisir sur des Casabes (ces galettes à base de farine de yuca ou de manioc font partie du patrimoine culinaire précolombien), est justement accompagné de poivrons confits à la plaisante sucrosité et de thym qui délivre en finale une pointe herbacée vive.
Arepa de Salmón : autre met emblématique du pays où l’arepa est une institution, ces galettes de maïs, dans leur version brute, se consomment au petit-déjeuner ou au goûter pour les écoliers. Une version plus sophistiquée fait son apparition dans les années 50 et se farce d’effiloché de poulet, de piment, de mayonnaise et de coriandre : elle se nomme « La Reina Pepiada ». Victoria travaille les arepas dans une version plus raffinée en une base allongée, et un support, telle une tranche de pain, qui se réhausse d’un pertinent tartare de saumon pimenté, de fromage frais et de mayonnaise. Les salicornes et les petites pousses d’herbes délivrent une mâche et une délicatesse herbacée et iodée à la fois bien vu.
Arepa de Queso de Mano con Cecina de Wagyu : cet arepa est au charbon végétal et se fait luxe en s’étoffant d’une prestigieuse Cecina de Wagyu. Le jambon de boeuf à la saveur noisette est en osmose du moelleux de l’avocat et du fromage crineja (en tresse) s’approchant d’une fine mozzarella.
Pabellón Criollo : typique de la cuisine populaire, ce plat a ce sens inné du partage, de la famille et du terroir et assemble les influences ethniques et culturelles du pays, il se compose de riz, de haricot noir, d’effiloché de boeuf tomaté et épicé et de banane plantain frite. Si cela parait à l’intitulé roboratif, la version de la cheffe est vivante, accompagnante des goûts et est en parfait équilibre, l’oeuf au plat vient arrondir l’ensemble de sa belle personnalité. Tous les éléments jouent de leurs différentes saveurs tout en s’unifiant avec harmonie de leurs origines.
Les douceurs virevoltent de gourmandises absolues entre le Quesillo Tradicional (flan ultra crémeux, caramel et vanille), l‘Arroz con leche, ce riz au lait concentré, craque de son caramel et de la fève tonka. La Mousse de Chocolate y Ají Dulce est la perfection d’une mousse en puissance de chocolat Trinitario, le cacao en croustille vient donner de sa personne en croque et la glace au piment aji dulce est un miracle d’équilibre, entre douceur et force.
Le service est doux et bien placé, la carte des vins joue du voyage des vins du Nouveau Monde et les cocktails ont cette inspiration latine.
Véritable écrin coloré et joyeux aux matériaux cossus et chic, entre bois travaillé, cuivre, pierre et tissus en lin, qui font honneur à l’artisanat de ce pays fascinant. La fresque murale, signée de la jeune artiste et talentueuse illustratrice colombienne Viviana Grondona, et l’ambiance musicale, à la fois salsa, merengue et cumbia, emportent les clients bien loin de chez eux dès qu’ils franchissent la porte de Taera Monte-Carlo.
Taera Monte-Carlo est un lieu unique et éphémère en Principauté, qui raconte une histoire vraie et touchante, celle de la cheffe Victoria Vallenilla : une grande de demain à suivre avec attention!
Carte – Entrées 17 à 26€ – Plats 12 à 74€ – Desserts 12 à 18€
Menu « El Primer Beso » 75€ – Menu « Flor de Apamate » 115€
Ouvert tous les jours de 12h à 19h
Patio de l’Hôtel de Paris Monte-Carlo
Place du Casino
98000 Monaco
Tel. +377 98 06 88 45
Le Petit Lu Gourmand Journaliste, Chroniqueur et Critique Gastronomique 