Colita Nice – Coup de cœur pour cette nouvelle table du port de Nice qui vibre de vie et de personnalité. Ils sont trois : Armand Crespo, Daniele Lamboglia et Carlos Gomez. Le premier est portugais, restaurateur incontournable du Vieux-Nice et bien connu des niçois, le second est italien et chef que l’on a découvert à Type 55, le troisième est Colombien, également Chef, et a fait les belles saveurs du Bar de la Dégustation. Ils se sont associés et ont donné naissance à un lieu en fusion de leurs origines, de leurs talents et du feu. Colita (Col, pour la Colombie et Ita pour l’Italie), situé rue Ségurane dans le nouvel eldorado gourmand du port, est un restaurant unique et identitaire.
On ne présente plus Armand Crespo, cet entrepreneur-investisseur et gastronome éclairé qui pulse le Vieux-Nice de ses établissements depuis plus de 15 ans. Tout a commencé avec Le Bistrot d’Antoine (l’institution niçoise) qu’il a repris en 2006 et en a fait une adresse incontournable canaille et généreuse, très vite plébiscitée par la belle clientèle locale : ainsi la bistronomie prit racine à Nice. Depuis, les ouvertures se sont enchaînées à une allure régulière et avisée. En 2011, il ouvre Le Comptoir du Marché en association avec le jeune et passionné Loïs Guenzati, en 2014, il reprend Le Bar des Oiseaux (alors en vente) et en fait le temple des pâtes créatives et savoureuses (en collaboration avec l’artisan vermicellier Barale), puis Peixes arrive en 2016, un tout autre concept, tourné entièrement sur le poisson et les ceviches twistés et percutants, qu’il laissera entre les mains de Loïs Guenzati. Amoureux du vin, le voilà dans la Cave du Cours (où il centralise les achats de boissons et stocks de ses restaurants) qui se transforme un premier temps en un bar à vin de copains puis devient très vite un incontournable pour des soirées dégustation vins et assiettes de partage. Avant d’ouvrir et de bousculer le monde de la pizza avec une expérience différente, il reprend, non loin de là, l’emblématique Bar de la Dégustation, qu’il a cédé depuis. Depuis 2022, il twist les pizzas d’audace et de modernité avec Type 55. Tous ses établissements sont stratégiquement placés dans le Vieux-Nice (qu’Armand adore), principalement autour du Palais de Justice.
Ses restaurants brassent une clientèle d’avocats, de juges, d’étudiants, d’artistes et surtout d’épicuriens…. Tout ce qu’il fait, il le fait par amour et passion, il bouillonne d’idées en permanence et rêve de mille et un futurs projets. Cette année, c’est en compagnie de ses deux chefs phares : Daniele Lamboglia et Carlos Gomez (tous deux cités dans le Guide Gault&Millau des 109, le sang neuf de la Gastronomie française) qu’il a ouvert Colita en juin dernier au pied du nouveau boutique-hôtel Palais Ségurane, situé dans le quartier des Antiquaires qui reprend vit dans une version peps. Daniele et Carlos aux fourneaux orchestrent et attisent tous deux le feu des délices à l’unisson où chacun apporte sa touche et son identité culturelle et personnelle. Et cela fonctionne avec aisance fluidité et grande cohérence. Tous deux ont un parcours de Globe-trotteur, Daniele a fait ses classes en Italie, puis à Saint-Tropez, il est devenu Chef et a fait l’ouverture de Type 55. Quant à Carlos, après son enfance en Colombie et des études en Argentine où il se forme à l’école culinaire du Chef Paulo Sebess, il s’envole pour la France où il a travaillé dans de belles adresses de Corse à Chamonix. A Nice, on le découvre à Peixes, puis il prend les rênes du Bar de Dégustation version Crespo.
A Colita, la carte virevolte de fraîcheur et de profondeur aux noms évocateurs : entre chimichurri, leche de tigre, lardo di Colonnata, burrata ou pesto. Les assiettes résonnent de précision aux goûts bien balancés où tout est à sa place, chaque élément apporte une plus-value et un kick bien vu. Ici, ça flambe, ça braise, ça flambadou, et si vous choisissez de déjeuner ou de dîner au comptoir vous serez aux premières loges de ce spectacle tout feu tout flamme.
La décoration inspirée, signée de l’agence niçoise Bleu Gris, s’articule autour de la chaleur et de l’authenticité de la terre cuite et de l’art précolombien dans l’idée des traditionnelles haciendas. L’ambiance est savamment tamisée pour apporter un univers d’une chaude et douce brutalité minérale.
Pour commencer en vivacité le Ceviche de Loup, Jus de Poire, Ananas, Fêta, Amande Effilée est tout indiqué. Tout ce petit monde s’assemble avec perspicacité gustative. Le poisson se délivre de sa belle mâche iodée, il est dynamisé du leche de tigre au piment, la poire y apporte son ingénieuse et onctueuse sucrosité. Les herbes aromatiques, comme les pousses de coriandre ou la menthe, viennent enthousiasmer la dégustation de frais. Les amandes et l’ananas cadencent de croque en bouche et la féta est la touche de rondeur lactée. Un pimpant ceviche bien loin des standards qui fait plaisir.
Les Sardines grillées sauce Chimichurri gardent le moelleux et le juteux de leur cuisson parfaitement maîtrisée à la braise. La sauce chimichurri se fait condiment pulsé aux herbes et à l’ail. A la fois terriblement simples et gourmandes, ces sardines grillées font drôlement plaisir et donnent des airs de vacances et d’été en famille ou entre copains.
L’Endive braisée sauce Messine, Betterave a la gourmande complexité du grillé, de l’amer et du doux. La sauce messine, telle une sauce gribiche à la suave douceur, enveloppe ces demoiselles en tendresse. La betterave est la note sucrée qui rééquilibre à l’unisson le tout pour le relief idéal.
Les Huîtres au Blanc de Boeuf, pickles de granny Smith : moment spectaculaire de ce flambadou qui coule du feu du gras de boeuf sur les huîtres, juste voilées, elles se relèvent ainsi de la granny Smith en croque et en acidité qui fait du bien. La pointe fumée à l’identité barbecue se fait exhausteur de sensation de cette chair en iode qui titille les sens.
En plat, le Quasi de veau, palourdes, panais en mousseline et rôti, cèpes est un savant et très aromatique terre-mer en subtil équilibre. Le veau, à la douce cuisson mais grillé, garde sa texture rosée et lactée. Les vongole et leurs jus de cuisson sont montés en un beurre citronné marin à la saveur velourée. Le panais en deux temps exprime toute sa gratitude douce et délicatement terrienne. Les cèpes relevés des herbes se délient de leur identité forestière pour le judicieux peps.
Les desserts ne sont pas laissés pour compte, ils jouent aussi dans la partition des saveurs et de la juste gourmandise, comme la Pomme Confite, Crème de Tamarin, Spéculoos, Praliné Noisette Maison où tout matche ou encore le léger et fondant Brownie et Glace Chartreuse verte maison, ponctué de l’excellent et exubérant Sabayon à la chartreuse jaune, Noisettes.
La carte des vins propose une sélection de vins pour des envies simples.
Le service est jeune, vif et efficace parfaitement adapté au lieu.
La cuisine des deux chefs est bien trempée, elle est à la fois rassurante, enveloppante et exaltée d’audaces maîtrisées.
Colita Nice est assurément un coup de coeur gourmand, subtil et extrêmement umami.
Carte – Entrées 12 à 28€ – Plats 23 à 31€ – Desserts 9 à 10€
Menu au déjeuner – Entrée – Plat – Dessert 23€
Ouvert du mardi au déjeuner et au dîner du mardi au samedi
Fermé dimanche / lundi
20 rue Catherine Ségurane
Tel : 04 93 07 15 69
Le Petit Lu Gourmand Journaliste, Chroniqueur et Critique Gastronomique 