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Bocca Mar – Naufrage culinaire sur la plage de Nice !

Située en face de l’emblématique Palais de la Méditerranée, Bocca Mar est la version plage du célèbre Bocca Nissa rooftop du Vieux-Nice. Ouverte en 2023 par le groupe Panorama (Bocca, Bocca Mar, Le Felix, Felix la Nuit, Grand Café des Fleurs), cette adresse prône le partage et la convivialité dans un univers mêlant bois et osier, inspiré des codes du bohème chic.

Fondé à Paris en 2014 par Jean Valfort (Niçois d’origine) et Jean-François Monfort, Panorama Group investit la Côte d’Azur à vitesse grand V. Après avoir vendu leurs restaurants parisiens, les deux associés se concentrent depuis quelques années sur la capitale azuréenne. Tout a commencé avec un testing éphémère en rooftop de l’hôtel AC Marriott avec Farago On The Roof durant deux saisons, puis ils reprennent Le Hussard sur le toit à l’entrée du Vieux Nice qui devient Bocca Nissa, avec une décoration bohème où les assiettes tapas virevoltent de toute la Méditerranée. En 2023, ils récidivent en se tournant cette fois vers les plages avec l’ouverture de Bocca Mar, toujours dans cette même idée de convivialité et de partage. Puis, fin 2023, le duo rachète une institution créée en 1966 de la nuit locale, la brasserie Le Felix Faure. Après une rénovation de grande envergure, Felix et Felix la Nuit se sont dévoilés dans une version réussie, glamour et baroque, aux différents univers, entre cabinet de curiosités et jardin d’hiver, d’une décoration rappelant la folie des brasseries londoniennes avec une ambiance populaire, jeune, gentiment parisienne et joyeusement provinciale, mais surtout totalement instagrammable. En mai dernier, le groupe, qui ne compte pas s’arrêter là bien au contraire, a ouvert et a totalement repensé Grand Café des Fleurs au cœur du cours Saleya, et le dernier projet concerne un hôtel cinq étoiles boulevard Victor-Hugo à découvrir en 2027. Toutes ces adresses se veulent familiales et festives les soirs de fin de semaine.

À Bocca Mar, la carte, classée par thèmes (On picore, On partage, On goûte…), joue dans le désormais vu et revu partage aux influences méditerranéennes. Le menu pour deux, mis en avant dès la première page, sème la confusion : selon et suivant le staff, il serait réservé soit aux grandes tablées de plus de 10 personnes… soit à deux. Ce jour là, nous étions quatre, la serveuse nous a stipulé qu’il fallait être dix pour avoir accès à ce dit menu ! Allez comprendre ! Les intitulés interpellent d’une cuisine paraissant justement travaillée de petits détails flatteurs. Hélas, à la dégustation, le palais est loin d’être flatté : il est délicieusement anesthésié par tant d’insipidité. À l’apéritif, la grande flûte de champagne semble miséreuse de ses 10 cl qui lui arrivent à peine à la moitié. Les Negroni sont certes classiques mais de bonne facture.

La Belle César (24€) n’a de beauté que sa généreuse verdure, certes croquante. Le poulet qui l’accompagne, bien frit, oscille entre la perfection d’un Crousti’Bat et la sécheresse du désert de Gobi. Quant à la sauce dite « César », censée vibrer des saveurs du trio parmesan-ail-anchois, elle semble avoir fait un arrêt cardiaque : son électroencéphalogramme est aussi plat que les paysages de Flandre, comme le chantait si bien Brel ! Et même après une abondante pluie de sel et de poivre, le goût d’eau douce est bien là. La mer si proche aurait peut-être pu donner de sa salinité. Eh bien non !

La Poitrine de porc en quatre très fines tranches à 24€ pleure de sa condition tel un jambon surcôté dans son sachet de la marque du Goût des Choses Simples. La « sauce » dite gremolata qui l’accompagne n’a rien de tel, les aimantes et ancestrales nonna de toute l’Italie doivent se retourner dix fois dans leur tombe. Cette sauce, faite en double dimension (non, pas comme celles du chef Donckele) s’épanche entre le luisant et charmeur gras d’un côté, et de l’autre le gélifié des sauces en poudre qui rappellent les souvenirs de l’enfance et des repas, déjà de partage à l’école.

Les Gnocchis di Mare (28€), tels des petits bonbons à la sincère et plaisante douceur, se baignent non pas dans une profonde bisque aux gambas, comme dans l’intitulé, mais plutôt dans une sauce aqueuse et sans goût où l’iode et le monde crustacé sont bien loin, sans parler des moules étriquées d’une sécheresse absolue. Le tartare de loup, posé dessus à la va-vite, délivre un message confus et incohérent d’un chaud-froid mal maîtrisé.

Quant à la Salade de haricots verts croquants (18€), elle n’a de croquant que les noisettes, les pêches rôties au miel, pourtant une belle idée, ont peut-être oublié le miel et les trop petites pointes de ricotta n’apportent pas le crémeux tant espéré.

Les desserts ne furent évidemment pas de la partie, afin de ne pas rajouter trop d’eau au moulin du désespoir.

Le service, gentiment nonchalant en cette fin de saison, semble un peu perdu, absorbé ou désabusé sous toute cette platitude.

L’ensemble semble avoir été lessivé, tout comme les convives qui ont l’impression d’avoir été dupés par cette cantine du bord de mer aux tarifs indécents pour une expérience sans plaisir, ni saveur. Si vous aimez les décors instagrammables plus que les saveurs inoubliables, vous êtes au bon endroit. Sinon, passez votre chemin.

Menu Mar pour 2 (ou pour 10 on ne sait pas) : 49€ / personne ou Menu Dolce Vita, toujours pour 2 (ou pour 10, on n’en sait pas plus) : 65€ / personne.

Carte On picore 12 à 31€ – On Goûte 22 à 33€ – On Partage 24 à 26€ – Belles Pièces à partager 42 à 96€ – Greens 18 à 21€ – Desserts 11 à 25€

Bocca Mar

15 Promenade des Anglais

06000 Nice

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