Les dimanches midi ne sont plus voués uniquement au poulet rôti et ses pommes de terre au jus et encore moins au sacro-saint gigot-flageolets d’autrefois, ils sont cadencés, depuis quelques années, par la mode des brunchs dans les restaurants, les cantines chic ou coffee shops, mais les plus spectaculaires et les plus gastronomiques et couture sont assurément ceux des Palaces. Cette gourmande contraction de breakfast et de lunch viendrait d’une habitude de la jeunesse dorée fêtarde américaine et anglaise au XIXè siècle qui aurait institué cette tradition pour éviter les réveils trop tôt et surtout bien difficiles, les dimanches matin après une nuit de folie. Un certain journaliste londonien écrivit en 1895 une tribune pour cette nouvelle tendance « Brunch a plea » (plaidoyer pour le brunch) et décrit celui-ci comme tel : « il rend le réveil matinal inutile et ridicule, il est convivial, joyeux, il stimule la conversation et balaye les soucis de la semaine »…. Arrivé seulement dans les années 80 en France, le brunch trouve très vite ses adeptes auprès des citadins, souvent loin de leur famille, qui se retrouvent entre copains, amis avec ou sans enfant et récréent ainsi cette tablée conviviale et familiale à leur façon. Ces déjeuners-dînatoires, ces « déjeunettes », souvent sous forme de buffet, prennent place rapidement, d’abord dans les grands palaces parisiens, puis dans ceux de la Côte d’Azur.
Au Carlton Cannes, les dimanches deviennent iconiques et inoubliables : « Le Printemps en Italie » est assurément le plus gourmet, gourmand et le plus savoureux brunch de tous les Palaces de la Riviera.
L’arrivée au Carlton est toujours un moment de rêve : sur cette mythique Croisette à la rangée de palmiers alignés au cordeau, telle une haie d’honneur ou de bonheur, avec cette vue si mythique de la Baie de Cannes, entre le massif de l’Estérel au loin, en contraste du bleu profond de la Méditerranée, du ciel azur et des îles de Lérins, si proches. La façade du Carlton est une des plus emblématiques de tous les hôtels du monde, égoïstement immortalisée par une grande maison de parfum et de couture ou glamourisée à perpétuité par Grace Kelly et Cary Grant. Oui, l’arrivée au Carlton est un instant sacré, et ce dès lors que vous laissez votre véhicule au voiturier, élégamment habillé de grège, qui vous accueille avec attention et sincère chaleur. A peine posés les pieds sur le sol à fine mosaïque, clamant le nom de Carlton relevé de sa royale couronne, et franchie la porte tambour en bois, vous devenez alors un John Robie ou une Frances Stevens avec cette inoubliable élégance.
Passée la lignée de colonnes en marbre cadencée par la lumière extérieure des portes fenêtres, relevées des intemporels auvents à fines rayures jaunes, vous voilà à Riviera, le restaurant à l’esprit brasserie « French Riviera Art de Vivre » de l’hôtel. C’est un jovial et entrainant groupe de musiciens qui vous accueille au brunch, les charmantes « ambassadrices », vêtues d’une fluide jupe plissée, vous accompagnent à votre table sur la vaste et superbe terrasse, tel un promontoire sur la mer qui clame toute la splendeur de la Croisette. C’est le Chef Laurent Bunel, épaulé de sa belle brigade, dont Alexandra Delamare et le Chef Pâtissier Jean-François Barberis, qui orchestre avec excellence, sincérité et passion, l’un des buffets les plus spectaculaires et délicats de toute la région et même au delà! Une présentation raffinée et gourmande à la fois où chaque bouchée, chaque proposition, donnent une folle envie de goûter à l’infini, des fines huîtres, des saumons fumés travaillés différemment : en tartare, en trois sortes de gravelax, en mousse, en rillettes, les larges langoustines ont cette belle cuisson de la valeur de leur chair.
La superbe Table du Chef, sous le regard avisé mais bienveillant d’Escoffier en filigrane au mur, regorge, telle une corne d’abondance des plaisirs gustatifs, d’une quarantaine de petites verrines et petites assiettes, tels des amuses-bouches de volupté, entre tartare de boeuf maturé, mini-lobster roll, thon mi-cuit, salade de poulpe, mini-burger, salade niçoise, mini-tortillas… le bar à burrata crémeuse et mozzarella n’est pas loin, posé sur son Vespa, et les fines charcuteries italiennes chantent les saveurs de toute l’Italie. Tout est travaillé en finesse et raffinement avec des assaisonnements en justesse, les goûts sont bien là et font plaisir. Les plats chauds ne sont pas pour autant délaissés, à choisir directement dans la cuisine ouverte, comme la Picanha de boeuf sauce poivre, le Poulpe grillé au bbq, le risotto et les pâtes fraiches au choix de leur sauce, truffe, tomate, pesto… l’atelier pains et fromages est bien là, mais les becs sucrés réservent leurs ardeurs pour les étourdissantes douceurs du chef Barberis et ses équipes : là, à nouveau, les yeux sont charmés par tant de savoureuses beautés, les flans, pure vanille, pistache ou chocolat, ont la suavité parfaite de leur pâte en croustille, les tartes au chocolat, aux raisins frais, à la mangue en portefeuille, le Paris-Brest, la Tropézienne, le Tiramisu, les Pavlovas aux fruits rouges ou au citron confit de Menton, les cookies, les brownies, les macarons, les cannolis remplis à la demande… tout est en perfection de saveurs, de textures et de gourmandises de ces mille et un délices, qui terminent en beauté cet inoubliable brunch.
Le service, tel un ballet chorégraphié avec professionnalisme et attention par le directeur Alessio Tallarico, est enjoué et aérien, avec ces petits mots qui font mouche et qui font tant plaisir.
Pour accompagner ce moment suspendu, l’accord champagne et vins à discrétion en supplément est tout indiqué pour se laisser emporter dans ce tourbillon d’un dimanche heureux.
Un brunch iconique et unique d’exception, gourmand et raffiné, à l’atmosphère Riviera chic et tellement chaleureuse.
Pour continuer ce rêve éveillé et ne pas se morfondre dans la petite déprime du dimanche soir, pourquoi ne pas s’offrir le luxe d’être heureux et apaisé en s’endormant dans le glamour et ainsi faire partie de l’histoire de l’iconique Carlton Cannes. Quel plaisir et fierté non dissimulée d’emprunter les ascenseurs, ou les superbes escaliers en perspective de l’infini, pour monter dans sa chambre ou sa suite et se reposer, après tant de délices des agapes du brunch. La carte, tel un sésame, vous ouvre l’accès à votre écrin d’une nuit, vous êtes alors saisi par tant de lumière et de quiétude environnante. Votre regard et votre attention sont capturés, tel un papillon de nuit, vers la clarté, et vous vous dirigez comme obnubilé par cette fenêtre inondée de soleil en triptyque de la vue sur la Méditerranée. Vous allez assister à un fascinant et saisissant spectacle en nuances d’une vivante palette colorée qui évolue au gré de la journée, de ce ciel azur, parfois balayé de nuages maculés, tel un pinceau d’un peintre jouant du contraste et ne faisant qu’un, entre ciel et mer. En parfait contraste, la décoration de la chambre arbore une sereine douceur de ses teintes de beige et de blanc cassé qui laissent toute la valeur à cette vue, si magique.
Vous vous sentez immédiatement chez-vous et comme purifié du monde extérieur, parfois bien trop intense. Tout est pensé au moindre détail de l’art de vivre pour que votre séjour soit celui que vous n’oublierez jamais. Après ce repos tant mérité dans votre cocon, vous voilà énergisé et prêt à quelques activités, comme des longueurs dans la piscine à débordement, située au coeur du nouveau jardin intérieur méditerranéen. Puis, il est temps pour vous de retrouver la douceur de votre chambre et de faire une apparition presque royale à la fenêtre, vêtu de ce moelleux peignoir logoté, sous le regard rêveur et presque envieux de certains badauds scrutant cette mémorable façade, vous regardant ainsi admirer la beauté de cette baie de Cannes qui s’embrase de splendeur, face à vous, au moment du coucher du soleil.
La nuit faisant subrepticement son apparition en crescendo, pourquoi ne pas découvrir le bar 58 et son ambiance chic, feutrée et tamisée et tester les cocktails délicieusement shakés avec attention par les mixologues. Que vous soyez installé directement au bar en mosaïque de céramique Raku, au touché minéral et vibrant, ou dans les canapés de cuir, vous dégusterez avec attention et intensité le très raffiné Crystal Clear Negroni, le Cucumber Gimlet à la fraîcheur vive, ou encore le classique Old Fashioned qui a cette profondeur de la perfection. Pour accompagner ces parfaits « drinks », la carte pause gourmande a cette douce folie de donner envie de tout commander, comme la Tarte Fine Artichauts tiges, morille cuisinée ou les Beignets de homard, mayonnaise à l’Espelette et pour les douceurs, ont y retrouve les desserts de Jean-François Barberis comme Le Camélia ou la Tarte Mont Blanc.
Il est temps pour vous de tirer votre révérence à cette journée pas comme les autres, à ce fabuleux dimanche, et de vous endormir avec splendeur sous une couette aérienne et délicieusement fluffy. Même si l’envie est si forte de vous relever pour admirer, profiter et saluer une dernière fois cette Croisette qui, rien que pour vous, s’est tant donnée.
Alors bonne nuit dans les bras de Morphée, avec cette douce saveur en bouche du Carlton en chocolat que vous n’avez pu résister de savourer.
Le glamour, l’élégance et l’Art de vivre sont bien vivants, ils se trouvent au Carlton Cannes.
Les Brunchs du Carlton :
« Le Printemps en Italie » du 24 mars au 26 mai : 125€ hors boissons.
« Le Grill du Carlton » du 2 juin au 15 septembre : 165€ hors boissons.
« L’Été Indien » du 22 septembre au 17 novembre : 125€ hors boissons.
58 boulevard de la Croisette, 06400 Cannes
+33 (0)4 93 06 40 06
Le Petit Lu Gourmand Chroniqueur Gastronomique 